La couverture coup-de-poing et le titre mystérieux, voilà ce qui frappe en premier chez le roman d’Alexandre Grondeau, Sélection Naturelle, Une Histoire Capitaliste. Le roman nous raconte le parcours de trois hommes : Yan, un jeune dealer qui court d’embrouilles en galère, John un avocat aux dents longues et à la petite morale, et Jean un retraité qui planifie sa mort afin de partir avant que la maladie ne l’emporte. Trois hommes très différents qui se retrouvent tous dans une période charnière de leur vie.
Je n’ai pas vraiment accroché à Sélection Naturelle. Pourtant le roman se lit facilement – la première partie est captivante, cette première moitié du livre où nous rencontrons nos trois héros et nous demandons quel va être le moment charnière où tous vont se croiser – car ils se croisent forcément à un moment non ? Mais tout d’un coup, le roman commence à trop en dire, à nous laisser de très gros indices, ce qui finit par nous vendre la mèche et à réduire considérablement le plaisir de notre découverte. Le plus étrange c’est que j’ai trouvé le twist final à la hauteur – j’aurais juste préféré que le roman reste flou un peu plus longtemps pour que ce soit un vrai ébahissement et non une demi-surprise.
Mais en fait, je crois que ma plus grosse déception vient du fait que j’attendais un tout autre roman, un roman plus noir, un roman plus axé sur le capitalisme, un roman plus cynique, plus amoral. Au final, le tout est assez conventionnel, surtout dans la partie concernant Jean. Je m’attendais à un récit d’où l’espoir est absent, dans lequel la société de consommation telle que la majorité d’entre nous la connaissons en prendrait pour son grade. Bref, j’attendais le American Psycho des années 2010. Mais pour moi, le roman n’arrive pas à dépasser ses problématiques de petits délinquants liés à la drogue, d’avocats d’affaires shootés prêts à taper sur tout ce qui bouge pour réussir et finit par se prendre les pieds dans le tapis. Peut être attendais-je trop ? Sûrement. Peut être me suis-je trop focalisée sur ce que je voulais voir en oubliant de profiter de ce que j’avais sous les yeux ? Pas impossible.
Sélection Naturelle fait une lecture plaisante mais pas autant qu’on aurait pu le croire par son titre énigmatique et sa couverture percutante.
Boires et Déboires d'un Zéro Masqué 